Adrien Trybucki

Limen travaille le seuil – celui du timbre, de la forme, de l’intelligible – et s’épanouit dans cet entre-deux instable où les masses chorales s’élèvent vers des territoires qui excèdent leurs propres limites physiologiques. Le chœur, vaste et profond, déploie une matière sonore épaisse et vivante, saturée de strates vocales et de fréquences graves comme venues d’un ailleurs souterrain. Seuil et passage s’entrelacent dans une tension vibrante entre matière chorale et électronique – qui agit comme une extension fantasmatique du corps vocal. L’œuvre s’inscrit dans ce fragile interstice où s’opère une mue : entre l’intime et le collectif, entre la trace vocale et son reflet spectral. L’évanescence y est autant une destination qu’un processus et la fusion de l’humain et de la machine révèle la vibration d’un corps collectif traversé de tensions archaïques.